La Toussaint 2017 à l'équilibre dans un contexte de baisse progressive
Dans la droite ligne de ces dernières années, notre indicateur Medioflor - Lien horticole réalisé au près d'un échantillon représentatif de l'ensemble des acteurs de la filière montre que le marchéde la Toussaint s'effrite peu à peu, en particulier dans le sud de la France. De nouvelles attentes s' expriment, entre autres, chez les jeunes générations.
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La météo de l'année 2017 se caractérise, jusqu'au début de novembre, par des températures très élevées et un fort déficit de précipitations, ce qui en fait, à l'instar de 2003, une des années les plus chaudes et les plus sèches sur la période 1959-2017. Les étapes successives de cultures des chrysanthèmes se sont bien passées, l'état sanitaire était satisfaisant, la qualité était bonne et les dernières phases de logistique et de vente se sont déroulées dans de bonnes conditions. Les craintes d'un fleurissement débuté trop tôt ont été tempérées par un mois de septembre un peu gris, qui forme une situation idéale de production.
En ce qui concerne le calendrier, on ne pouvait pas mieux faire : la Toussaint avait lieu un mercredi en plein milieu d'une période de vacances scolaires. Ce type de configuration permet d'étaler les ventes en amont et en aval du 1er novembre. Cependant, beaucoup de Français ont profité de cette période pour prendre une semaine de congés et, par conséquence, le fleurissement des tombes était bien loin de leurs préoccupations.
Des quantités cultivéesen baisse chez les producteurs
Les quantités de chrysanthèmes mis en culture chez les producteurs qui ont continué cette activité en France et au nord de l'Europe sont restées stables en comparaison de l'année précédente, mais c'est le nombre de producteurs consacrant de l'énergie et du temps à cette culture qui continue de diminuer. La fourchette d'estimation est assez large, mais elle résulte sur une période de cinq ans d'une baisse des quantités cultivées quise situe entre 30 et 50 %. Chez les professionnels qui continuent de produire pour la Toussaint, la culture de plantes variées pour assemblages et de contenants prêts à poser, telles que les balconnières et les coupes, a régulièrement augmenté pour répondre à la demande, au détriment des chrysanthèmes. De plus, les ventes de petits cyclamens et de bruyère calluna dans différents coloris est en netteprogression cette année.
On constate beaucoup de différences entre les producteurs selon les régions. En Bretagne, région très traditionaliste, les producteurs et les points de vente au détail sont très satisfaits. Dans les régions du nord et de l'est de la France, les quantités sont passées mais sans plus, les prix se situaient en limite basse et il n'y a pas eu, ou peu, de réassort après la livraison fin octobre. Dans les régions du Sud-Est et du Sud-Ouest, il restait encore des chrysanthèmes après la Toussaint dans les serres. Les prix payés aux pro-ducteurs stagnent depuis plusieurs années en dépit de la baisse des quantités produites et ceci malgré des innovations en termes de produits : pots en trois couleurs, formes de fleurs, contenants modernisés.
Des ventes très variables
La grande distribution (25 % des volumes vendus) a mis en place ses opérations, bien souvent en proposant trois plantes pour le prix de deux. Tout a été livré et presque tout a été vendu, mais à quel prix ? Le chrysanthème est considéré comme un produit d'appel toujours en promotion, ce qui installe dans l'esprit des consommateurs un prix de référence très bas qui impacte le niveau des ventes des autres circuits de distribution, quelles que soient la taille de la plante ou la qualité proposée. La grande distribution a été livrée en semaine 43, et la qua-lité n'était pas toujours au rendez-vous.Les ventes chez les producteurs détaillants (20 % des volumes) se sont très bien dé-roulées, surtout en zone rurale et dans les régions du nord de la Loire. La relation con-tinue entre ces points de vente et une clientèle traditionnelle et fidèle a permis en amont d'ajuster l'offre à la demande en quantité et en choix de plantes, mais surtout de vendre à un prix satisfaisant.
Les fleuristes perdent régulièrement des parts de marché en volume (20 %), mais ils gardent la deuxième place en valeur. Les produits sont mieux travaillés et mieux présentés que dans les autres circuits de distribution. De plus en plus, la Toussaint est pour eux un marché de commande et non plus d'étalage.
Les jardineries spécialisées et les libres-services agricoles (Lisa) enregistrent respectivement 15 et 7 % des volumes vendus. Ils présentent une largeur de gamme et les points de vente font un effort de présentation, mais les résultats n'ont pas toujours été à la hauteur des espérances. Les clients se sont principalement orientés vers les plus petits prix, le panier moyen n'a pas progressé comparativement à l'an passé. Quant aux rayons dédiés aux chrysanthèmes, ils diminuent et sont progressivement remplacés par les offres de Noël, qui prennent de plus en plus de place.
Et 12 à 13 % des productions passent par d'autres circuits plus ou moins officiels.
Tendances : les chrysanthèmes cèdent du terrain
Les chrysanthèmes, qui représentaient près de 75 % des ventes de végétaux pour cette période, diminuent au profit des autres produits. Les chrysanthèmes traditionnels à grosses fleurs disparaissent des cimetières et représentent actuellement moins de 10 % de l'offre. De plus, cette année, les floraisons étaient très en avance dans ce type de plante. Ce sont les catégories dites multifleurs ou pomponettes qui composent la majeure partie de l'offre, cultivée en pots de 19 cm (3 litres) et 17 cm (2 litres). Les couleurs vives, corail, jaunes ou blanches, ont été les plus demandées au détriment des couleurs plus ternes. Cependant, lorsqu'il y avait le choix, les clients se sont toujours orientés vers l'offre la moins chère. La tendance de diversification consistant à cultiver trois couleurs différentes dans le même contenant continue de progresser, prenant une part importante des productions entre 25 et 33 % selon les professionnels.
Les cyclamens et principalement les mini-cyclamens passent de 10 à 15 % des ventes, l'offre était présente en quantité suffisante, de très bonne qualité pour répondre à une demande soutenue.Les bruyères globularis étaient trop fleuries cette année, mais les bruyères calluna se sont très bien vendues. Et les offres de bruyères assemblées en trois couleurs ou plus se sont également bien écoulées.
Ce sont les assemblages de plantes en jardinières, coupes et autres contenants qui ont le plus séduit les clients pour cette Toussaint. Ce qui explique en partie la bonne demande de cyclamens, bruyères calluna, chrysanthèmes en petits contenants et autres plantes à feuillage.
Toujours pas ou peu de transfert vers d'autres usages
Le déclin que l'on constate d'année en année devient préoccupant pour tous les acteurs de la filière concernés par ce chrysanthème qui colore et égaye nos automnes d'une palette extraordinairement variée de formes et de couleurs. Les ventes de septembre et octobre, en dehors des ventes spécifiques de Toussaint, ne sont toujours pas significatives en France.
Malgré les multiples utilisations possibles par toutes les qualités qu'elle présente, le transfert de cette espèce vers d'autres usages que l'ornement mortuaire reste le voeu pieux d'un trop petit nombre.
Auparavant, en passant devant les cimetières, partout en France, la semaine après la Toussaint, on apercevait un champ de couleurs variées. Cette année, on voit bien encore des couleurs çà et là, mais les espaces sans garniture de fleurs s'étendent, signe inéluctable d'une désaffectation de cet événement en dehors des générations de séniors. Selon une étude récente, 40 % des Français disent vouloir choisir pour eux la crémation. Ils sont en majorité non croyants, jeunes, habitant la ville, souvent cadres. Ce choix présente une connotation « moderne et urbaine ».
Pour aller plus loin, une enquête plus surprenante a été réalisée au mois de septembre dernier par Opinionway à la demande de l'Office hollandais des fleurs (*). Les résultats de ce sondage laissent penser que lorsqu'une tradition se meurt, une autre peut prendre sa place : 64 % des Français aimeraient ainsi que leurs descendants célèbrent leur souvenir lors d'un moment festif et joyeux. Environ 57 % souhaiteraient se remémorer les bons moments partagés avec leurs proches défunts lors d'une occasion festive. Et 57 % appellent de leurs voeux une fête des morts française davantage inspirée de l'esprit festif du Día de los muertos mexicain...
Brand Wagenaar, Medioflor
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